Michel Matthys

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Peintre,

Peintures au sang et charbon, dessins au fusain, lithographies

Running in the dark, 2010 

Traits de mémoire, ses fusains, monumentaux, sont les réceptacles, lumineux sous l’opacité aveuglante, de visions anciennes, familiales, resurgies entre ciel et loup quand il court le soir pour se donner de l’allant, une vie saine. Scènes de groupes, de couples, d’individus mort-nés, d’enfants qui ne semblent pas sourire. Les dix œuvres aux cimaises ne respirent peut-être pas la joie, mais elles transpirent une densité, un vécu, une mémoire que rien n’estompe… puisqu’elles ont été.
Capter des instants, des vérités, des atmosphères, un moment : Michael n’a jamais été aussi près de sa vérité d’artiste libre. Un cadeau.
Extrait Roger Pierre Turine - la Libre Belgique


Michaël Matthys travaille en noir dense, et en rouge. Une option radicale, sans concession. Il sait le poids et le sens de ces couleurs qui ne transigent pas. Il sait que leurs clartés sont lumières de jour et de nuit. Il sait qu’elles fondent un tout indissociable, qu’elles donnent cohésion, qu’elles touchent toutes les sensibilités, qu’elles sont englobantes en supprimant bien des hiérarchies que d’aucuns établissent. 

...

Par ces traitements, par ses grands et petits formats, l’artiste est avant tout un peintre qui, en apparence, se conduit souvent en dessinateur. A ce sujet, ses grands fusains récents ne sont pas trompeurs. Plus ardents que jamais, ils sont un combat avec l’image et une rare détermination les habite entre création et destruction, entre apparition et effacement. C’est en ce sens qu’ils sont visions, qu’ils s’imposent face à la tentation réaliste qui les habite. Michaël Matthys peint ce qu’il voit, ce que sa mémoire a capté, ce que sa caméra a enregistré, ce que son crayon a croqué, mais il va confronter le tout en vidéo, en crayons sur papier, en fusains, en peinture rouge sang, dans une sorte de développements multiples où l’imaginaire se mêle à la réalité filmée, ou le verbe intervient parfois là où l’image même pourrait être déficiente, ou le détail prend la place du tout, ou le gros plan d’origine cinématographique s’impose comme une réalité inéluctable. Son réalisme, parce que c’en est un à sa manière, est quelque peu illuminé, fantasmé, accentué comme pour mieux en saisir toute la portée. Il n’est jamais restitution, il est interprétation et s’enrichit d’une charge émotive très puissante par un contenu profondément humain. Un style n’est rien s’il n’est que lui-même, s’il reste simple proposition formelle, il prend sa valeur lorsqu’il est irrigué de sens, de sentiments, d’émotions, ce contenu vital que le rend vrai dans sa fiction.

Claude Lorent

Journaliste et Critique d’art

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